Laissez-vous émouvoir par L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto
Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente de renaître de ses cendres et panse ses blessures. Dans un bar délabré trois personnages hantés par la guerre retrouvent le temps d’un instant l’illusion d’un bonheur perdu.
Parmi eux : une jeune femme, elle est l’unique survivante de sa famille. Celle-ci attend le client dans son bar délabré. Mais aussi un jeune soldat démobilisé et un petit voleur orphelin. Peu à peu une vie de famille s’installe entre ses trois être brisés. Mais leur bonheur est fugace et les traumatismes trop intenses.
Émouvant. Captivant. Sombre. Voici les termes qui caractérisent le mieux L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto. Carlotta Films nous offre l’opportunité de découvrir au cinéma cette œuvre poignante voire déstabilisante de ce réalisateur culte.
Shinya Tsukamoto poursuit son exploration de la violence dans cette œuvre. J’avais pu découvrir ce thème dans le coffret collector lui étant dédié. Cette fois-ci d’un point de vue réaliste qui est d’autant plus poignant. Il s’intéresse dans L’Ombre du feu aux traumatismes des survivants de la Seconde Guerre mondiale au Japon. Son objectif « Alors que le monde s’éloigne de la paix, je me suis senti obligé de faire ce film comme une prière ».
Comme souvent dans les œuvres de Shinya Tsukamoto, la caméra filme au plus près des sentiments. Cependant comme le dit si bien le réalisateur culte. Ce film proposé par Carlotta Films « partage des thèmes exploités dans mes deux derniers films Fires on the Plain et Killing ».
A savoir « comment la guerre affecte les gens. L’horreur abjecte doter la vie. J’ai poursuivi ces thèmes dans Killing qui traite des samouraïs et de la fin de leur règne ». J’avais pu découvrir cette magnifique et émouvante œuvre dans le coffret collector proposé par Carlotta Films.
Shinya Tsukamoto poursuit L’Ombre du feu « revisite ces thèmes à travers le chaos du marché noir de l’immédiat après-guerre ». Il ajoute « j’ai porté toute mon attention sur les personnes qui habitaient dans l’ombre ». C’est pourquoi la caméra est au plus près des sentiments. On ressent de l’empathie pour ses êtres blessés, hantés qui tentent de se récréer.
L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto s’ouvre par une succession de plans qui s’approche d’une silhouette allongée. Cet effet a un côté étonnant limite inquiétant. Cela donne l’impression qu’il s’agit d’une caméra subjective. Quelqu’un l’épie, l’observe. Cela est associé à un bruit de cavalcade.
Comme toujours chez ce réalisateur culte, la caméra filme au plus près des sentiments. On note de multiples gros plans sur les visages restituant souvent des échanges de regards. Ainsi on voit en gros plan le visage d’une femme.
Tout à coup dans ce film proposé par Carlotta Films un homme fait une entrée fracassante. Il cherche quelqu’un. S’ensuit une alternance de plans entre cet homme excédé et le visage impassible de la femme. Il finit par partir aussi vite qu’il est venu.
Puis on entend à peine un bruit de mastication. La jeune femme rampe vers son origine. S’ensuit, un raccord regard on discerne un enfant. Celui-ci mange une pastèque. Le petit vient vers nous. Avant de partir il vole quelque chose. C’est leur première interaction.
Peu après dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto on retrouve le brio du réalisateur. Cela à travers son emploi de plans déstabilisant ou de façon de filmer déstabilisante. Ainsi on aperçoit une superposition d’images. Durant celle-ci la femme assise s’efface pour laisser la place à un plan d’elle allongée. On a une sensation de déjà vue. Cela instaure l’idée que le temps a passé voire qu’il s’agit d’un autre jour.
Durant ce film proposé par Carlotta Films tout au moins durant la première section de cette œuvre se déroulant dans ce bar décrépi. On peut voir pendant un certain temps une figure de répétition.
De nouveau on entend un bruit hors champ. Ce dernier perturbe si l’on peut dire la sensation d’isolement du bar. Un homme fait son entrée. On découvrira plus tard qu’il s’agit de son souteneur. Il lui a amené une bouteille. Finalement l’homme s’assoie à côté d’elle et l’embrasse avant de vouloir passer à l’acte.
Comme durant une majorité du temps dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamato la jeune femme apparaît détachée, distante comme vide. Elle est marquée par les traumatismes de la guerre. Durant ce passage de ce film proposé par Carlotta Films on discerne différents inserts de ce lieu décrépi (mur, fenêtre…).
Cet effet donne presque la sensation qu’il s’agit d’une caméra subjective. Peut-être est-ce le point de vue de la femme qui est détachée de la situation. Puis la jeune femme semble perdre connaissance ou tout au moins s’effondre. Elle est dissimulée par le bar.
Une fois son affaire finit l’homme part non s’en avoir récupéré sa bouteille. S’ensuit un plan sur le bar, tout à coup le bras de la femme entre dans le champ. C’est à ce moment précis de ce film proposé par Carlotta Films que le tire apparaît.
Tout au long de L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto on note une image très travaillée. Cela à coup entre autres : de surimpressions multiples, en filmant au plus près des sentiments. Mais aussi à travers un jeu sur les ombres et la lumière. Tout au moins dans la première partie de ce film proposé par Carlotta Films.
Ainsi durant celle-ci l’image est sombre. La pénombre, l’obscurité prédominent à l’unisson avec les traumas de nos trois héros. Ces derniers dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto sont hantés par la guerre et leurs démons du passé.
Peu après on entend une musique aux notes jazzy. Au cœur de la pénombre on discerne la lueur des bougies. C’est à ce moment qu’un autre des personnages clef de ce film proposé par Carlotta Films fait son entrée.
Il s’agit d’un jeune soldat démobilisé. Le jeune homme entre dans le bar délabré. Tout à coup, il sursaute. Raccord regard nous discernons la jeune femme à peine éclairée par la lueur des bougies. Sa présence la surprit. Celle-ci nous apparaît toujours aussi détaché. De façon mécanique elle passe derrière le bar et lui sert un verre. Puis elle lui dit « entre quand tu auras fini ».
Cette séquence de L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto se passe au cœur de la pénombre à la seule lueur des bougies. Nous les retrouvons dans ce qui sert de chambre à la jeune femme. Son visage est à peine éclairé par la lueur des bougies.
S’ensuit une alternance de plans le jeune homme nous semble gauche, penaud. Elle ajoute « il faut payer avant ». Le soldat est de plus en plus gêné quand la jeune femme commence à se déshabiller. Car comme nous le comprendrons plus tard ce n’est pas exactement ce qu’il est venu chercher ici.
L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto est des plus émouvant. Fin saoul, le soldat finit par s’endormir. Le jeune homme se réveille en sursaut. S’ensuit un échange de regard restitué à travers une alternance de plans. Mal à l’aise, il s’excuse de ce pas pouvoir la payer. Elle lui propose à manger.
Tout à coup dans ce film proposé par Carlotta Films la porte s’entrouvre. On discerne l’enfant. La dernière pièce de ce trio d’êtres brisés. Il les espionne puis ferme violemment la porte. S’ensuit une alternance de plans. Face au soldat intrigué, elle dit « c’est un chien galeux je dois tout cacher ».
Finalement, le soldat gêné demande s’il peut revenir plus tard. Quand elle fait remarquer qu’il n’a pas d’argent le soldat répond « je trouverai de l’argent ». S’ensuit un échange de regard. La jeune femme donne son accord.
Peu après dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto l’enfant fait son retour dans une scène des plus émouvante. Pendant que la jeune femme s’habille, le petit est en retrait. À notre plus grande surprise il pause une pastèque sur le bar. Tout en lui disant « ça vaut plus que de l’argent. Prenez-le comme ça je suis votre client ».
S’ensuit dans ce film proposé par Carlotta Films une alternance de plans. Elle semble dubitative. A ce moment le soldat fait son entrée. Le jeune homme va plaider leur cause à tout deux. Il dit à l’enfant « elle m’a dit que je pouvais revenir dormir, mais je n’ai pas trouvé d’argent. Je retenterai demain. Je gagnerai assez pour deux nuits ». Le jeune homme ajoute à l’attention de la jeune femme « laisse-moi rester aussi ».
C’est à ce moment précis dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto que le destin de ces trois êtres marqués par la guerre va commencer à se lier. Le jeune soldat et l’enfant vont rentrer dans le bar délabré de la jeune femme et dans sa vie.
Peu après dans ce film proposé par Carlotta Films en aperçoit l’insert d’un cahier de cours d’algèbre de niveau classe élémentaire. S’ensuit une alternance de plans entre le soldat et l’enfant sous le regard impassible de la jeune femme.
Cette partie de L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto est filmé au plus près des sentiments de ses trois survivants. Tous semblent chercher la sécurité, une seconde chance, le bonheur. Le soldat explique à la femme « j’étais enseignant avant l’armée ».
S’ensuit dans ce film proposé par Carlotta Films une alternance de plans. La femme observe la scène de son côté. Le soldat ajoute « j’ai emporté ce livre pour pouvoir enseigner à l’occasion comme un porte-bonheur ». Devant cet échange attendrissant la femme est émue.
Cependant peu après dans L’Ombre du feu de Shinyia Tsukamoto le petit des plus curieux veut entrer dans une pièce dont les portes sont fermées. La femme réagit enfin, mais contre toute attente violemment. Elle lui dit « Tu ne peux pas aller par-là ». Cela à la plus grande surprise du soldat qui en arrière-plan relève la tête.
Durant cette première partie de ce film proposé par Carlotta Films on va noter un rapprochement entre ces trois être perdus qui se sont trouvés. De plus on peut observer une figure de répétition. Celle-ci rythme chaque matin, moment où le petit et le jeune soldat partent gagner de l’argent.
Le temps d’un instant dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto ils vont trouver l’illusion d’une famille, d’un bonheur retrouvé. Cependant leurs troubles et hantises ne sont malheureusement jamais loin et se rappellent peu à peu à eux.
Ainsi quand les deux sortent gagner de l’argent on peut voir un effet déstabilisant. Nous la voyons allongée sous différents angles associés avec une superposition d’image. Elle semble tourmentée ne pas trouver le repos. Ce qui est restitué à merveille par cette séquence et cette façon de filmer au plus près des sentiments.
Cependant nous découvrons dans ce film proposé par Carlotta Films qu’elle n’est pas la seule à être marquée. Peu après tous trois s’allongent côte à côte le petit au centre d’eux. Cela donne l’illusion d’une famille, d’une seconde chance possible voire d’un bonheur tout poche.
Tout à coup au cœur de la nuit la quiétude est rompue. Le petit gémit durant son sommeil. L’homme et la femme le couvrent de soin tels des parents attentionnés. Le petit finit par ouvrir les yeux. Une fois rassuré il se rendort. Le soldat s’exclame étonné « les explosions comment a-t’il survécut à tout ça ? ». Au cœur de la nuit le petit est hanté par les traumas de la guerre.
Durant ce passage de L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto au cœur de la pénombre le soldat profite du sommeil du petit pour se confier. Il raconte une partie du drame qui l’a marqué. Contre toute attente au cœur des ruines de sa maison, le soldat a trouvé une lueur d’espoir. Un homme lui a dit qu’il trouverait une bonne âme. Cela avant de le diriger vers le bar délabré et la jeune femme qui y survie. On ne peut que s’interroger sur l’identité de cet homme est-ce une bonne âme ou le souteneur de la femme?
La caméra se rapproche de lui au plus près des sentiments et du soldat. Il ajoute larmes aux yeux « j’ai dormi comme je ne l’avais jamais fait avant ». Le jeune homme a retrouvé dans ce lieu avec eux un sentiment de quiétude. La jeune femme émue baisse les yeux troublée.
Peu après dans ce film proposé par Carlotta Films on note un changement. On retrouve la même scène qui rythme leur matinée. Quand ils partent chercher du travail, la jeune femme entre dans le plan. Elle est moins détachée bien au contraire son attitude change.
La jeune femme aussi se prête à rêver. Les plans sont plus lumineux. Avant qu’ils partent la femme se rapproche du soldat et lui dit « je vais devoir me remettre au travail, je ne peux vivre que grâce au garçon et à toi ». Cependant dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto le trauma n’est jamais loin. Le malheur semble s’attacher à leur pas et les ramener à la réalité.
Peu après dans ce film proposé par Carlotta Films au cœur de la pénombre le petit revient avec de la nourriture. Puis l’enfant se confit à la femme « le monsieur ne cherche pas de travail. Il n’a pas bougé depuis ce matin ». S’ensuit un plan sur le visage de la femme sur lequel passe une ombre.
Peu après dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto on entend une musique angoissante. Le soldat arrive tout penaud sous le regard sévère de la femme. De nouveau nous les voyons chacun d’un côté de la pièce. C’est la première fêlure dans leur relation. A l’extérieur de ce bar délabré c’est un univers de ruines fortement marqué par la guerre tout comme les personnages.
Durant ce passage de ce film proposé par Carlotta Films on note une certaine tension sous-jacente. Puis tout se détend tout au moins en apparence. Le soldat propose à l’enfant d’imaginer qu’ils partent en vacances. On les voit s’amuser rire.
Cependant à travers une alternance de plans nous apercevons le regard vide, désabusé de la jeune femme qui assiste à la scène à distance. Elle est à l’écart dans la pénombre. Puis elle finit par se prêter au jeu de façon mécanique comme à contrecœur.
Dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto, c’est la première fêlure que nous apercevons au sein de leur illusion de famille. Puis tout va rapidement basculer leurs traumatismes vont les rattraper. Il ne semble pas y avoir de seconde chance possible enfin pas pour tous.
Tout à coup on entend un coup de feu. Plan sur le soldat qui se recroqueville en hurlant. De nouveau dans ce film proposé par Carlotta Films la caméra filme au plus près des sentiments. Cela instaure un effet d’empathie. S’ensuit une alternance de plans. La femme et l’enfant le fixent interloqués. Puis tout aussi soudainement, le soldat se calme un instant. Sous le choc il dit « ça fait peur », « je n’aime pas les bruits forts ».
Peu après dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto on bascule dans la violence jusqu’à atteindre un climax. Le brio du réalisateur dans ce film proposé par Carlotta Films est part l’emploi d’une image des plus travaillé et d’une bande son empathique qui sert l’action de nous toucher et de nous émouvoir pour le destin de ces personnages brisés. Tout en nous déstabilisant via le montage et sa façon de filmer. Ces effets semblant restituer la psyché torturée, traumatisée des personnages rattrapés par leurs blessures et la réalité.
Durant un passage de ce film proposé par Carlotta Films on voit des plans troublants. Dont des vues d’en haut de ruines ou autres images déstabilisantes. Ceux-xi un court instant nous isolent de l’intrigue associés à une musique angoissante. La menace, la guerre, le danger ne sont jamais loin dans L’Ombre du feu. Ainsi on découvre que le petit dissimule un pistolet.
Peu après dans L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto nous basculons dans la deuxième partie de ce film proposé par Carlotta Films. Cette dernière nous attache au pas de l’enfant et de l’homme qui l’a engagé. Ce dernier la employé car l’enfant à un pistolet. Nous sommes à l’exténuer dans un Japon marqué voire dévasté par la guerre.
Durant cette partie de L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto nous découvrons que beaucoup sont marqués, brisés par la guerre. A noter malgré tout, la beauté picturale de certains plans. Si tous semblent hantés, marqués par le traumatisme et les horreurs de la guerre seul l’enfant semble avoir une seconde chance.
Dans ce film proposé par Carlotta Films, beaucoup vont découvrir que les traumatismes sont insurmontables. Cependant l’espoir persiste. De nouveau et à mon plus grand regret, le réalisateur n’apparaît pas dans cette œuvre troublante, émouvante et déstabilisante.
Soyez témoin des répercussions de la guerre sur les survivants dans l’ombre du feu de Shinya Tsukamoto .
L’Ombre du feu de Shinya Tsukamoto. Films proposé par Carlotta Films. Durée : 95 min
Actuellement en Salle
Pour plus d’info : https://carlottafilms.com/